Et si j'invitais à ma table...: Samuel KME
Samuel KME est l'invité grourmand de Marthe Dayas, qui consacre une rubrique à « des artistes et des personalités "anonymes" », avec qui elle échange autour de sa passion culinaire :
Les naufragés de la trentaine (extrait)
Les naufragés de la trentaine,
Embarqués sur leur frêle esquif,
S’agrippant les uns aux autres,
Se serrant pour conjurer leur peine,
Agglutinés pour effacer leurs angoisses
Les naufragés de la trentaine,
Embarqués sur leur frêle embarcation,
Luttant contre le courant déchaîné de la vie,
Inquiets, car devant le courant devient
De plus en plus turbulent ;
Luttant car ils ignorent combien de temps
Il leur reste avant la chute.
(...)
Mes yeux pleurent Ce que mon cœur ne dit pas. Mon
Mes yeux pleurent
Ce que mon cœur ne dit pas.
Mon cœur pleure
Ce que ma bouche ne dit pas
Ma bouche pleure
Ce que mon corps ne dit pas
Mon corps résonne en phase
Avec mes pleurs.
Le poète est prêt
J'arracherai des mots du néant,
Je les arracherai à la force de mes bras;
Je sublimerai ces mots du néant,
Car je n'ai pas soif de reconnaissance,
Je n'ai pas soif d'eau, mais d'encre et de mélodie;
Je sublimerai des mots et des mélodies,
Arrachées au néant.
(Poème à la recette haïku)
Et si….
Et si tout n’était qu’un jeu ?
Une triste comédie,
Avec
Des milliers de spectateurs-acteurs,
Le texte inspiré
Dans leur subconscient
Et où
Le temps marquerait les actes….
Le Grand Banquet
L'être vous invite tous, à un festin,
Un grand banquet en l'honneur de la
Faim provoquée par la douleur,
Le grand banquet de la vengeance.
Les mets seront variés,
Variés et succulents,
Préparés avec patience,
Préparés pour être cruellement
Engloutis.
Nous nourrirons ce petit être
Qui existe en nous,
Ce petit être, pourtant si innocent,
Qui se nourrit du sang versé;
Ce petit être diabolique qui boit
Et jubile à la vue du sang.
Les mets seront variés,
Variés et succulents,
Préparés avec patience,
Préparés pour être cruellement
Engloutis.
Toi qui seras sacrifié,
Personne qui sera engloutie,
Humain qui sera dévoré,
Prépare-toi, car tu ne sauras jamais,
Prépare-toi, car il ne te dira pas
Quand le petit être qui existe en lui
Te réclamera,
Jubilera à la vue de ton sang,
Jouira à la vue de tes tripes.
Apprête-toi, car tu seras
Le plat de résistance,
Du grand banquet de la vengeance.
Lumière I : Chacun se doit d’être une lumière
Chacun se doit d’être une lumière,
Chacun se doit d’être une étoile.
Nous sommes nés pour briller, alors brillons de mille feux ;
Car un beau jour, il ne restera rien.
La parole, restera ; le souvenir s’effacera, mais
La parole restera.
Donc soyons lumière, la plus belle des lumières
Parmi les lumières.
Celui qui signe son nom se doit de le signer
De la meilleure façon qui soit,
Car il se doit d’avoir la meilleure signature.
O toi ! Celui qui cherche toujours la lumière,
Cherche-la du mieux de ton corps,
Que chacune de tes fibres frissonne,
Que ta recherche soit la meilleure, car si tu trouves, tu auras la lumière.
Ils lui dirent…
Ils lui dirent : « Tu n’es pas différent, car il en a un autre comme toi ».
Alors il l’élimina et décida de naître.
Ils lui dirent : « tu n’es pas différent, car tous les enfants naissent du ventre de la Terre, de l’étincelle d’une étoile, et séjournent dans les entrailles de leurs mères. »
Alors il se prouva que sa famille était différente.
Ils lui dirent : « Regarde la vieillesse, comme elle reflète sur le visage endurci des parents de tes parents. »
Il vit cette vieillesse, cette fatigue, ce cœur fragilisé par les ans, alors, il se dit que lui au moins était différent.
Ils lui dirent : »Vois comme tu peines, tu souffres lorsque tu as mal. »
Il ressentit cette douleur profonde, vive, aiguë ;
Alors ils dirent : « tu n’es pas différent de cette personne, car chaque personne est différente (de l’autre). »
Il réfléchit et se rendit compte, à quel point il pouvait être cruel,
De ne pas être différent des autres.
Ils lui dirent : »Si tu veux être différent, fais quelque chose que nul autre n’a accompli ».
Alors, il décida d’écrire ses pensées,
La seule chose qui n’appartienne qu’à lui,
La seule chose différente des autres choses,
La seule chose qui exprime ses différences.
Samuel Kahemeu vu par Publibook...
"Dans le tumulte généré par ses semblables et son âme scindée, dans le fracas des contradictions et paradoxes humains, Samuel Kahemeu interroge et cherche un sens, une vérité intangible à laquelle s’accrocher, s’agripper, se retenir. Poète essentialiste, questionnant la nature profonde de l’homme –ainsi que la sienne propre–, il circonscrit les élans démesurés et les prétentions de cette étrange créature, ainsi que ses faiblesses dissimulées et cette bonté qui en font une espèce plus à plaindre qu’à condamner…
Fourmi et géant… Tremblant et puissant… Dérisoire et tout… Tel est l’homme. Tel est le portrait mouvant, équivoque, qu’en brosse Samuel Kahemeu au sein de son recueil. Eloignant la poésie des registres sentimentaux ou émotionnels pour la faire interagir avec des problématiques philosophiques, l’auteur, dont l’écriture va en s’acérant et en s’intimant, signe une œuvre gagnée par la mélancolie et dans laquelle ne manqueront pas de se refléter vos âmes et doutes." (Ed. Publibook)